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Le Mariage

  Le printemps approchait à pas feutrés dans la capitale, une brise tiède glissant à travers les fenêtres de l’école Impériale de Mor, portant une odeur d’herbes fra?ches et de bourgeons naissants. Les semaines avaient filé, et Mero s’était peu à peu recentré sur ses études, mais un matin, Leila, sa fidèle ma?tresse d’h?tel, entra dans sa chambre avec un sourire discret qui trahissait une joie profonde. ? Le mariage est fixé dans trois semaines, lui annon?a-t-elle, sa voix calme mais vibrante, à l’équinoxe de printemps. ? Cette tradition de Sel, marquant l’équilibre entre l’ombre et la lumière, résonnait comme un choix parfait pour une union, et Mero sentit une chaleur douce l’envahir en voyant Leila ainsi illuminée.

  Le cadeau qu’il avait préparé pour Leila et Ma?tre Antonin reposait déjà sur une étagère, soigneusement rangé dans un coffret de bois sculpté aux motifs marins, prêt depuis plusieurs jours. Ma?tre Antonin, en revanche, restait une ombre absente. Depuis son arrivée à l’école, Mero n’avait pas croisé son mentor, une figure sévère et énigmatique dont le silence pesait comme un mystère. était-il retenu par des affaires impériales, ou préférait-il laisser Mero grandir seul ? Peu importait – Mero savait qu’il réappara?trait au moment opportun, fidèle à son habitude. Pour l’instant, il se contenta de hocher la tête à l’annonce de Leila, satisfait de la voir heureuse.

  L’atmosphère autour de Leila se transforma à mesure que l’équinoxe approchait. Elle continuait à diriger les serviteurs de Mero avec rigueur – pliant ses vêtements avec soin, surveillant ses affaires d’étude – mais une douceur nouvelle adoucissait ses gestes. Ses mains, autrefois rapides et précises, s’attardaient parfois sur une tache, et une lueur inédite brillait dans ses yeux gris. Elle était heureuse, rayonnante d’une joie contenue, et cela touchait Mero plus qu’il ne l’aurait admis. Leila, qui avait veillé sur lui comme une mère discrète depuis son enfance à Sel, méritait ce bonheur, et il voulait s’assurer que leur jour reste le leur. Quant au cadeau, il l’avait con?u pour être une surprise discrète – un présent qui parlerait à leur c?ur sans attirer l’attention sur lui, un prince qui préférait l’ombre à la lumière ce jour-là.

  Le temps passa comme un souffle, et le jour tant attendu arriva, baigné par la lumière dorée de l’équinoxe de printemps. La capitale semblait suspendue dans un équilibre parfait, le soleil et l’ombre dansant en harmonie au-dessus des toits de pierre. Les préparatifs pour le mariage de Leila et Ma?tre Antonin atteignaient leur apogée, une énergie joyeuse et solennelle imprégnant chaque recoin de l’école. Mero, en tant que prince et ma?tre de Leila, avait veillé à ce que tout soit prêt, déléguant les détails aux serviteurs tout en s’assurant que son cadeau – un coffret discret mais précieux – soit placé parmi les présents des invités, prêt à être découvert au moment voulu.

  Il se prépara dans sa chambre, enfilant son habit de prince royal d’apparat avec une attention méticuleuse. Le tissu blanc éclatant, rehaussé de dorures finement travaillées, capturait la lumière comme une vague sous le soleil. Les motifs marins brodés sur les bords du manteau – vagues entrelacées de fils d’or – scintillaient doucement, un hommage à Sel et à son héritage. Le col haut et les plis soignés du pantalon soulignaient sa dignité, tandis qu’une épingle en or, ornée d’une perle noire héritée de sa lignée, venait parfaire l’ensemble. Une odeur subtile de bois précieux et de fleurs légères flottait autour de lui, un parfum qu’il avait choisi pour l’occasion, ajoutant une touche de solennité à sa présence. Il se regarda dans le miroir, ajustant une dernière fois sa tenue, conscient que ce jour n’était pas le sien, mais qu’il y porterait tout de même le poids de son rang avec une grace discrète.

  ? Allons-y, murmura-t-il à son reflet, un sourire fugace sur les lèvres. Les mariés attendent. ? Il quitta sa chambre, ses pas résonnant sur le parquet ciré, et rejoignit la foule qui se rassemblait dans la grande salle de réception de l’école, transformée pour l’occasion en un écrin de célébration.

  La cérémonie débuta dans une splendeur sans égale, sous l’égide de l’équinoxe, un moment sacré pour Sel. La lumière douce du soleil filtrait à travers les hautes fenêtres de la salle, baignant les invités dans une atmosphère chaleureuse et empreinte de révérence. Le lieu était décoré avec une élégance sobre mais somptueuse : des lys blancs, des roses rouges et des pivoines aux pétales délicats s’entremêlaient en guirlandes autour des colonnes de pierre, leurs couleurs vives contrastant avec la froideur des murs. Des tapis tissés de motifs anciens, aux teintes de bleu et d’or, couvraient le sol, et des chandeliers en cristal suspendus au plafond projetaient une lueur dorée qui dansait sur les visages des convives.

  Les invités prirent place sur des bancs de bois sombre, leurs vêtements raffinés – soies chatoyantes, velours profonds – ajoutant une mosa?que de couleurs à la scène. Mero s’installa près de l’entrée, légèrement en retrait, son habit blanc et doré le distinguant sans le mettre trop en avant. Les regards se tournèrent vers l’autel, où Leila attendait, rayonnante dans une robe de satin blanc brodée de fils d’or et de perles fines. Ses cheveux gris, relevés avec soin, étaient ornés de fleurs de lys, une touche de fra?cheur qui adoucissait sa silhouette austère. Elle se tenait droite, les mains jointes devant elle, son regard calme trahissant une émotion contenue.

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  Ma?tre Antonin apparut alors, avan?ant avec une assurance mesurée vers l’autel. Son costume bleu profond, rehaussé de broderies argentées, soulignait sa stature sans éclipser la présence de Leila. Ses yeux, d’ordinaire per?ants et sévères, s’adoucirent en se posant sur elle, une affection profonde illuminant son visage marqué par les années. à leurs c?tés, un prêtre impérial entama la cérémonie, sa voix résonnant dans une langue ancienne et solennelle, ses paroles sacrées scellant l’union sous les auspices de l’équinoxe.

  Le moment des v?ux arriva, empreint d’une émotion palpable. Leila parla la première, ses yeux brillant de larmes retenues. ? Antonin, dit-elle, sa voix tremblante mais ferme, tu es ma force et ma paix. Je te promets de t’aimer et de te soutenir, dans chaque épreuve, jusqu’à ce que le vent nous emporte. ? Antonin prit ses mains, ses doigts calleux enveloppant les siens avec une tendresse rare. ? Leila, répondit-il, sa voix grave vibrant dans la salle, tu es mon refuge et ma lumière. Je t’offre mon amour infini, ma gratitude pour chaque jour à tes c?tés, et mon serment de te chérir toujours. ? Les anneaux glissèrent sur leurs doigts, simples mais gravés de motifs entrelacés, et le prêtre bénit leur union, levant les mains vers le ciel comme pour invoquer l’équilibre de l’équinoxe.

  Un applaudissement chaleureux éclata, et les mariés scellèrent leurs v?ux d’un baiser tendre, doux comme une brise de printemps. Mero sentit une chaleur douce l’envahir, un mélange de joie et de fierté pour ces deux figures qui l’avaient guidé, chacun à leur manière, à travers les tumultes de sa jeunesse.

  Le banquet suivit dans la grande salle de bal, transformée en un écrin de magnificence. Des tissus riches – velours bleu nuit, soie cramoisie – drapaient les murs, et des chandeliers projetaient une lumière dansante sur les longues tables d’acajou couvertes de nappes blanches. Des bouquets de fleurs fra?ches – roses, lys, et pivoines – ornaient chaque centre, leurs parfums sucrés se mêlant aux ar?mes des plats qui circulaient parmi les invités. Des r?tis de gibier, dorés et juteux, c?toyaient des légumes frais cuits à la vapeur, tandis que des poissons d’une fra?cheur rare, pêchés sur les c?tes de Sel, reposaient sur des lits d’herbes aromatiques. Des patisseries délicates – tartelettes au miel, gateaux aux amandes – tr?naient aux c?tés de carafes de vin au bouquet boisé, un hommage aux vignobles reculés de l’Empire.

  Les invités s’installèrent, leurs murmures joyeux s’élevant dans l’air, accompagnés par la musique douce d’un quatuor de cordes jouant en arrière-plan. Des serviteurs en livrée impeccable, dirigés par une Leila absente mais omniprésente dans leur discipline, passaient entre les tables, offrant mets et boissons avec une grace silencieuse. Chaque place portait une petite touche personnelle – une carte de remerciement écrite à la main, une figurine sculptée en bois de cèdre symbolisant l’amour, ou un échantillon de vin rare dans une fiole délicate.

  Les discours suivirent le d?ner, chaque orateur – amis, collègues, dignitaires de Sel – prenant la parole pour célébrer Leila et Antonin. Leurs mots, empreints de respect et d’affection, peignirent une image d’un couple solide, uni par des années de confiance et de défis surmontés. Mero écouta en silence, son regard passant des mariés aux invités, une fierté discrète dans les yeux.

  Puis vint le moment des cadeaux. Les mariés re?urent des présents magnifiques – bijoux en or sertis de diamants, étoffes précieuses des terres orientales, livres anciens offerts par des érudits – mais aussi des offrandes plus intimes : une broderie faite main, une lettre calligraphiée, une sculpture en bois rappelant leur première rencontre. Mero, avec une discrétion toute royale, s’avan?a alors que les présents s’accumulaient devant Leila et Antonin. Il déposa son coffret parmi les autres, un sourire fugace sur les lèvres, et recula dans l’ombre, laissant les serviteurs le présenter au moment choisi.

  Lorsque Leila ouvrit le coffret, un silence admiratif s’installa. à l’intérieur reposait une pièce d’orfèvrerie exquise – un pendentif en argent gravé de motifs marins, ses vagues entrelacées évoquant les c?tes de Sel, orné de deux pierres rares : une aigue-marine d’un bleu profond et une topaze dorée. Les pierres scintillaient sous la lumière des chandeliers, un symbole d’unité et de résilience face aux tempêtes de la vie. Leila porta une main à sa bouche, ses yeux gris s’emplissant de larmes, tandis qu’Antonin posa une main sur son épaule, un sourire ému adoucissant ses traits sévères.

  ? C’est magnifique, murmura Leila, sa voix tremblante d’émotion, et si… parfait pour nous. ? Antonin hocha la tête, ses doigts effleurant le pendentif avec une tendresse rare. ? Merci, Mero, dit-il, sa voix grave résonnant dans la salle. Tu as su voir qui nous sommes. ? Les invités applaudirent doucement, un murmure d’admiration traversant la foule, mais Mero se contenta de baisser les yeux, satisfait de rester en retrait.

  La soirée se prolongea sous des airs de danse et de rires. Leila et Antonin ouvrirent la piste, leurs pas gracieux scellant leur union dans une valse lente, suivis par les invités qui se joignirent à eux, leurs robes et costumes tournoyant dans une mosa?que de couleurs. La musique emplissait l’air, une mélodie douce mais vibrante, et les rires résonnaient comme des vagues légères sur un rivage paisible.

  Alors que la nuit s’éteignait doucement, les chandeliers s’épuisant un à un, Mero s’éloigna discrètement vers une fenêtre ouverte, laissant la fra?cheur du printemps caresser son visage. L’amour et la convivialité restaient palpables dans l’air, une chaleur qui le touchait au-delà des mots. Pour Leila et Antonin, c’était une nouvelle étape ; pour lui, un rappel de l’amitié et des liens qui unissaient ceux qui l’avaient guidé. Il posa une main sur la pierre froide du rebord, son regard perdu dans les étoiles naissantes, et murmura à lui-même : ? Que votre bonheur dure toujours. ? Le printemps s’éveillait, et avec lui, une promesse d’unité qui résonnerait longtemps dans son c?ur.

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